Les lois et les réglementations évoluent en même temps que les nouvelles réalités, problématiques et avancées technologiques. C’est ainsi que nous sommes passés de RT à RT, de la réglementation thermique de 1973 à la RT 2005, RT 2012 et maintenant RE 2020. A chaque fois, les réformes sont motivées par les nouveaux challenges climatiques et environnementaux. Voyons les spécificités de la réglementation environnementale RE 2020.
Les enjeux et les objectifs de la RE 2020
Toute démarche écologique a pour objectif de favoriser les pratiques durables et respectueuses de l’environnement et de la planète. Dans sa loi du 8 novembre 2019, relative à l’énergie et au climat, la France souligne sa volonté à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. C’est ainsi qu’elle a lancé la stratégie nationale bas carbone (SNBC) d’où la RE2020, relative aux bâtiments et aux nouvelles constructions, tire son origine. Dans cette optique, la réglementation environnementale RE 2020 met en lumière 3 grands principaux objectifs : la sobriété énergétique, la construction bas carbone, voire à terme les bâtiments BEPOS, et la maximisation du confort d’été au naturel.
La diminution de la consommation énergétique des bâtiments d’habitation
La RE 2020 reprend le principe de besoin biochimique (Bbio). Elle insiste sur la nécessité de recourir à des matériaux de bonne qualité et de réduire les besoins en énergie pour le chauffage, la climatisation, l’eau chaude sanitaire, ou du moins de renforcer la performance énergétique de la construction. Pour cela, la RE 2020 met en place des indicateurs vérifiables en système de point afin de noter la construction. En termes de diminution de la consommation d’énergie des bâtiments d’habitation, la RE 2020 précise l’importance de la performance de l’isolation et du recours aux énergies décarbonées. C’est la sobriété énergétique. Elle parle aussi de « negéwatt », une valeur théorique pour comptabiliser les watts que l’on a pu sauver avec un modèle de construction écologique. Un des meilleurs moyens pour atteindre cet objectif est d’optimiser l’architecture de façon à dompter et à mieux utiliser l’environnement en présence pour garantir un confort au naturel aux usagers.
La réduction de l’impact carbone des logements neufs
Pour la RE 2020, il s’agit de réduire cet impact carbone sur tout le cycle de vie du bâtiment. Cela commence naturellement dès la conception, en regard aux matériaux à utiliser. Il faudrait alors choisir ces matériaux avec soin, en prêtant attention à leur processus de fabrication et à leur provenance. En effet, la fabrication implique l’utilisation d’énergie et le transport pèse lourd dans le bilan carbone. Le recours aux matériaux biosourcés est alors vivement recommandé, voire exigé : les bétons de pierre, le chanvre, la ouate de cellulose, le liège. Ce sont des matériaux à empreinte carbone réduite, mais dont la durabilité et la performance ont déjà été prouvées. Pendant la phase d’exploitation, il s’agit de favoriser l’utilisation des énergies renouvelables pour assurer le quotidien : éclairage, chauffage, climatisation, eau chaude sanitaire, mais aussi pour alimenter les appareils électroménagers. La RE 2020 incite également les constructeurs à prévoir une bonne stratégie pour le recyclage du bâtiment lorsqu’il ne servira plus.
L’amélioration du confort d’été
Le confort d’été se traduit par la capacité d’un bâtiment à maintenir une température confortable sans avoir recours à un système de climatisation qui requiert la consommation d’énergie. La RE 2020 instaure une nouvelle norme et fait passer le seuil à un indice inférieur à 1250DH pour toutes nouvelles constructions. Pour ce faire, les constructeurs, architectes et ingénieurs doivent miser sur un système de climatisation passive. Cela implique d’étudier plus précisément l’orientation du bâtiment afin de bénéficier naturellement d’une bonne ventilation. La RE 2020 édicte également de nombreuses valeurs de référence en ce qui concerne l’aménagement des baies vitrées (leur proportion, les besoins en ouverture, l’isolation, etc.), mais aussi sur les volets et les stores.
Ce qui a changé depuis la RT 2012
Concrètement, la réglementation qui court et qui évolue depuis 1973 jusqu’à la RT 2012 a complètement viré de bord pour devenir RE2020. Il n’est donc plus question que de réglementations thermique, mais globalement de règlementations environnementales. Des changements radicaux sont donc attendus.
Dans la définition
En tant que réglementation thermique, la RT 2012 prenait en compte uniquement les besoins énergétiques liés au refroidissement, à l’éclairage, au chauffage, aux auxiliaires et à l’eau chaude sanitaire dans les bâtiments. La RE 2020 quant à elle, s’étend jusqu’aux équipements et appareils électriques et électroniques tels que les ordinateurs, les réfrigérateurs, les appareils électroménagers, etc.
Dans les valeurs de référence
La RT 2012 était axée sur la performance énergétique et thermique des bâtiments en construction. La RE 2020 vise la construction de maisons écologiques, durables et respectueuses de la planète. Ainsi, si la RT 2012 imposait un label de Bâtiment Basse Consommation (BBC) à la CEP (Consommation d’énergie primaire) inférieure à 50kWh EP/m².an, la RE 2020 parle de BEPOS (Bâtiments neufs à Énergie Positive). Désormais, les maisons et autres locaux d’habitation et même de tout autre usage, ne vont plus puiser l’énergie qui leur est nécessaire à l’extérieur, ils vont produire ce dont ils ont besoin et même plus pour pouvoir la redistribuer. La dépense en énergie sera donc inférieure à 0kWh/m².an.
Les autres points clés de différence
La performance énergétique et écologique des bâtiments en construction a été revue à la hausse pour la RE 2020. Ainsi, le coefficient Bbiomax a été augmenté à plus de 30% en moyenne. Le seuil de consommation d’énergie a été revu à la baisse de 15 à 20%. Les performances de résistance et de conductivité thermiques ont été renforcées.
Les avantages des usagers avec la nouvelle norme RE 2020
Il faut savoir que la RE 2020 s’applique à tous les types de bâtiments neufs. Elle a été effective dès le 01er janvier 2022 pour les habitations individuelles et collectives. Elle a commencé à courir en juillet 2022 pour les bureaux et les bâtiments d’enseignement. Le reste a suivi le mouvement depuis le 01er janvier 2023. Si la RE 2020 implique un coût de construction plus élevé (5 à 10% en moyenne), il faut souligner que sur le long terme, elle apporte des avantages considérables aux usagers :
- Des économies d’énergie tendant vers la production d’énergie libre,
- Confort naturel en toute saison,
- Constructions responsables avec réduction significative de l’empreinte carbone qui nous profitera à tous et même aux générations futures.