Le constat des experts est sans appel : le secteur du bâtiment figure parmi les plus gros consommateurs d’énergie et producteurs de gaz à effet de serre en France. Depuis 1974, différentes réglementations se succèdent en termes de performance énergétique des nouvelles constructions pour tenter de renverser cette tendance ou du moins d’améliorer les pratiques. Intéressons-nous, dans cet article, à la réglementation RT2012, ses enjeux et ses objectifs, son contenu ainsi que sa mise en application.
Définition, enjeux et objectifs de la réglementation énergétique RT2012
La lutte contre le changement climatique, la préservation de l’environnement et le développement durable sont au cœur des préoccupations de ce nouveau millénaire. Les gouvernements du monde entier se concertent pour faire adopter, dans leur pays, des pratiques conformes à ces objectifs de production et de consommation responsables. C’est dans cette optique que le gouvernement français a créé le processus du Grenelle Environnement. La loi Grenelle 1 est proclamée en octobre 2008 et édicte les nouvelles règles ainsi que les nouveaux objectifs quantifiables dans la direction du développement durable. Elle définit en son article 4, les objectifs et les modalités en ce qui concerne le bâtiment. C’est la naissance de la norme RT2012. L’objectif en est de réduire de façon significative la consommation d’énergie des bâtiments neufs et de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre tout en gardant un niveau de confort optimal en toute saison.
La réglementation thermique pour les bâtiments neufs : les points clés
Dans la pratique, la norme RT2012 repose sur quelques points clés, qui sont en réalité ses exigences : des exigences de résultat et des exigences de moyen pour rendre effectives la baisse de la consommation d’énergie ainsi que la limitation des émissions de gaz à effet de serre des nouvelles constructions.
Les exigences de résultat
La réglementation thermique RT2012 insiste sur le respect des exigences de résultat qui sont l’efficacité énergétique, la limitation de la consommation énergétique et le confort d’été pour toutes les nouvelles constructions depuis le 1er janvier 2013.
L’efficacité énergétique ou besoins bioclimatiques du bâti
L’efficacité énergétique minimale du bâti est donnée par ce qu’on appelle le coefficient Bbiomax ou les besoins bioclimatiques du bâti. Il s’agit d’un mode de conception normée, à la manière biochimique, c’est-à-dire, tenant compte des facteurs environnementaux avec lesquels le constructeur compose. Elle implique :
- L’utilisation de composantes performantes et de très bonne qualité ;
- La recherche d’un équilibre technique et économique permanent, et
- L’usage d’une technologie avancée pour toute la construction et les équipements.
Le but étant d’optimiser l’efficacité énergétique, en limitant les besoins en énergie en matière de chauffage, refroidissement et éclairage.
La limitation de la consommation énergétique du bâtiment
La réglementation thermique RT2012 impose un coefficient d’énergie primaire maximale (CEPmax) en termes de consommation d’énergie primaire en ce qui concerne l’ensemble des besoins en énergie des bâtiments neufs. Que ce soit pour l’éclairage, le chauffage ou la climatisation, la ventilation ou la production d’eau chaude sanitaire, le plafond est en moyenne de 50kWhEP/m².an pour le label BBC « Bâtiments basse consommation ». Il s’agit de la référence des constructions durables, mais le CEPmax peut varier selon la localisation géographique, l’altitude, le type d’usage ou encore la surface moyenne des logements. Les émissions de GES pour le bois énergie ou les réseaux de chaleur peuvent aussi influer sur le CEPmax.
La prévision d’un confort d’été optimal pour les bâtiments non climatisés
Cette exigence définit un seuil à ne pas franchir en termes de températures pendant l’été, surtout pendant les périodes de fortes chaleurs ou de canicule. Elle concerne les bâtiments conçus pour apporter un confort d’été optimal sans avoir recours à un système actif de refroidissement. La RT 2012 définit deux catégories de bâtiments CE1 et CE2 dépendant du type d’utilisation et de la localité :
- Altitude
- Zone climatique (H1a, H1b, H1c, H2a, H2b, H2c, H2d et H3)
- Zone de bruit (classement d’exposition au bruit des infrastructures de transport BR1, BR2 et BR3
Les exigences de moyens
Pour atteindre ces résultats, la RT2012 apporte, dans ses lignes, des éclairages sur les moyens à déployer. Ce sont, ce qui est clairement définit comme les exigences de moyens. Elles entrent en compte dès la conception du nouveau bâtiment.
Le renforcement de l’isolation des parois extérieures
La RT 2012 traite sur la performance énergétique et thermique des bâtiments neufs dès leur construction. Elle apporte un éclairage particulier sur la manière d’optimiser cette performance énergétique et donne des indications claires sur le sujet. Les matériaux utilisés doivent être de bonne qualité et performants. Pour les parois opaques, le constructeur doit utiliser des isolants à résistance thermique :
- Supérieur ou égal à 4 pour les murs et les sols, et
- Supérieur ou égal à 8 pour les combles.
Le traitement efficace des ponts thermiques
Le RT 2012 fixe quelques règles de conception et de construction afin de limiter les ponts thermiques. En effet, ils sont souvent sources de déperdition énergétique, pouvant aller jusqu’à baisser le résultat de performance énergétique du bâtiment.
- Ratio Ψ>=0.28W/m².K. il s’agit du ratio de transmission thermique linéique moyen global des ponts thermiques.
- Ψ9>=0.6W/ml.K. il s’agit du coefficient de transmission thermique linéique moyen des liaisons entre un plancher intermédiaire ou des murs qui donnent sur l’extérieur ou sur un local qui n’est pas chauffé.
L’amélioration de l’étanchéité à l’air du bâti
La réduction de la consommation d’énergie tout en gardant un confort maximal des usagers passe aussi par la limitation des infiltrations et des fuites d’air. Selon les termes de la RT 2012, la perméabilité à l’air d’un bâtiment ne doit pas excéder :
- 0.6 m3/(m².h) de parois froides hors plancher bas pour les maisons individuelles et
- 1 m3/(m².h) pour les logements locatifs. Elle passe à 0.8 m3/(m².h) si la mesure est faite par échantillonnage.
L’optimisation de la luminosité
La RT 2012 incite à favoriser au maximum l’éclairage naturel. Elle recommande donc l’aménagement de baies vitrées pour un total supérieur au 1/6ème de la surface habitable. La norme prévoit l’application d’une surface ouvrante minimale et l’utilisation de protections solaires mobiles.